Toxic : Obésité, malbouffe, maladies… enquête sur les vrais coupables
de William Reymond, ed. J’ai lu, 6,70€
Mon avis : un document édifiant et terriblement intéressant (et un peu déprimant) sur la relation entre les maladies (obésité dès les premiers mois de la vie, diabète de type 2 dès l’âge de 15 ans, maladies cardiovasculaires, cancers) et l’alimentation et l’environnement. Une enquête qui commence aux Etats-Unis, mais se termine en Europe, où la situation sera la même qu’aux USA dans quelques années si rien n’est fait. De nombreuses preuves de la manipulation (« marketing ») des industries agroalimentaires qui aboutissent à une altération de notre santé. D’abondants détails sur l’élevage (= la maltraitance) des animaux, leur alimentation (hormones, antibiotiques, grains, protéines enrichie aux déjections de poulets) et l’impact sur l’environnement de ces élevages intensifs (gigantesques lagons de déjections animales qui pourrissent à l’air libre et sont laissés à l’abandon). Des explications sur comment cela aboutit à une altération de la santé. Des exemples concrets sur des ingrédients bon marché et néfastes pour la santé utilisés par l’industrie agroalimentaire : le sirop de glucose-fructose, les additifs, les conservateurs, les résidus chimiques, les acides gras trans. Avec des idées de solutions… mais des décisions qui doivent se prendre au niveau politique. Et là ça coince, car comme toujours, le principal problème, le nerf de la guerre, c’est l’argent.
Un extrait :
« Plantée sur la Highway 83, Rio Grande City est l’une des dernières villes du Texas avant d’arriver au Mexique. Il déplaira sûrement à l’office du tourisme de le lire, mais il n’y a aucune raison de s’arrêter ici. Rio Grande est le chef-lieu du comté de Starr, l’un des plus pauvres des Etats-Unis. […]
McDonald’s, Dairy Queen, Burger King, Whataburger, Wendy’s, Pizza Hut, Little Ceasars Pizza, Subways, Taco Bell, Taco Bueno, Taco Palenque, Mexican Buffet, Chinese Buffet… aucune enseigne ne manque à l’appel. Et toutes proposent, en lettres géantes, des promotions difficiles à ignorer quand on vit sous le seuil de la pauvreté. Ici, le Coke géant est offert pour l’achat d’un menu. Là, contre moins de 5$, le client est invité à manger autant qu’il le souhaite. Ailleurs, tous les matins, le petit-déjeuner est doublé gratuitement. […]
Cette orgie alimentaire s’accompagne d’une terrifiante réalité. A Rio Grande City, la moitié de la population adulte souffre de diabète de type 2.
Mais le pire, c’est pour demain.
A l’école maternelle, 24% des enfants sont déjà en surcharge pondérale ou obèses. S’ils ne sont pas dès maintenant pris en charge, rien ni personne ne parviendra à les sortir du cercle infernal. Celui qui, à l’âge adulte, devenus diabétiques et amputés, leur fera attendre la crise cardiaque… comme une libération. […]
Peggy Visio, une nutritionniste du Texas Health Science Center de San Antonio, tente depuis des années de faire bouger les choses. Adepte de la téléconférence, elle a réussi à trouver un don privé destiné à financer un service reliant son bureau de San Antonio à l’infirmerie de l’école de la ville. Et là, par écran interposé, elle donne des conseils de nutrition aux familles. Sachant pertinemment qu’elle ne pourra empêcher le pèlerinage quotidien au fast-food [aux Etats-Unis, 33% des enfants mangent tous les jours dans un fast-food], elle tente d’orienter les ados vers les produits qui feront le moins de dégâts.
Lors d’un séjour récent à Rio Grande City, Visio et son équipe ont examiné les 2931 enfants de la ville afin de quantifier ceux qui présentaient des risques élevés de diabète de type 2. Sur le papier, le pire de leurs scénarios prévoyait environ 600 cas. Mais à Rio Grande City, où 2 cheeseburgers géants, une frite maxi et un Coke gargantuesque sont vendus à moins de 2$, ils ont découvert 1172 enfants en perdition. 1172 futurs diabétiques.
Alors, Peggy a convaincu l’école de l’urgence. Après tout, chaque jour, les enfants y prennent leur petit-déjeuner et leur déjeuner. Des collations largement arrosées des sodas en vente soit à la cafétéria, soit via les distributeurs, dans les couloirs de l’établissement.
Grâce à Visio et aux responsables de l’école, ces appareils ont été déplacés… dans la rue. Le personnel des cuisines a été formé pour offrir une nourriture moins grasse et moins sucrée. Les fruits frais ont commencé à apparaître sur les tables de la cantine et l’eau a repris une place qu’elle n’aurait jamais dû abandonner.
Mais voilà, nous étions à Rio Grande City. Et les étudiants ont expérimenté la démocratie directe. Ces citoyens en herbe, obèses ou en passe de le devenir, se sont mis en grève devant de telles décisions salutaires à leur santé. Soutenus par certains parents et professeurs, ils ont affiché leur colère à l’entrée de la cafétéria avec un mot d’ordre clair : « Non au régime ! Nous voulons manger des trucs cool ! ». »
J’aurais aussi bien pu taper tout le livre. Si vous vous intéressez un tant soit peu à l’alimentation et la santé, je vous garantis que ce livre sera un investissement que vous ne regretterez pas. Il faut absolument le lire !
NB : ceci est mon avis personnel, je ne suis sponsorisée par personne pour faire de la pub.
Promis, le prochain post sera... gourmand!
2 commentaires:
J'ai vécu un an au Mexique... La proximité avec la frontière étatsunienne provoque les mêmes ravages chez les ptits mexicanos.. A suivre, avec bcp d'attention...
Je crois qu'on ne mange plus pareil après avoir lu le livre. En tout cas moi je fais une chasse sérieuse au sirop de glucose-fructose !
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